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18 mars 2015

Livre: A Morning for Flamingos de James Lee Burke

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C'est traînant ce bouquin. Comme l'accent.

Le narrateur a une voix douce et éraillée et il se sert de sa respiration dans sa narration, tantôt lente et profonde, tantôt haletante. On l'imagine dans la moiteur, une clope au bec, son chapeau un peu en arrière, effluves de tabac et de bourbon, barbe de trois jours. On est en Louisiane. Dépaysement total.

Attention, il y a de l'action! Et des moments intéressants, des turning points. Mais malgré les explosions, tueurs à gage psychopathes, dealers de drogue, vétérans du Vietnam, bordel, prostituées, mafiosi-sa, flics sous couverture, millions de dollar, vengeances, menaces de mort, gardes du corps et autres éléments de base à tout bon film policier qui se respecte, l'impression générale c'est l'indolence. Jamais un mot plus haut que l'autre. Même au pic de l'action, pas de cri, pas de cavalcade. Risque de mort imminente et apéro au bistrot du coin ont la même intensité, toujours avec l'accent traînant du sud.

J'ai aimé l'ambiance de ce roman. Les descriptions sont précises et touchent les 5 cinq sens. La chaleur, le bruit des noix de pécan qui tombent dans le jardin, les oiseaux qui crient dans le marais, le reflet de la lune sur l'eau, les odeurs tantôt agréables tantôt nauséabondes, les champs de canne... Les descriptions ne sont jamais longues, jamais lassantes et sonnent toujours au plus juste.

ATTENTION SPOILER!!! Avant même que ce soit explicite dans l'histoire, on sent le revirement de Dave Robicheaux vs. Tony Cardeaux. Dave est un homme foncièrement juste, empathique et petit à petit, il se prend d'amitié pour cette grosse légume de la drogue (en anglais ils disent les "grease balls", les boules de graisse) qui est aussi un papa attentionné envers son petit garçon handicapé, un héro de guerre traumatisé et un drogué qui cherche à décrocher. Un peu taré aussi sur les bords quand même.

Et puis Dave Robicheaux. Ah! Avec sa grosse moustache, sa cinquantaine d'année, son passé d'alcoolique, c'est l'anti-héro parfait. Je l'adore. Rien que son nom! Dave Robicheaux. Allez-y, dites le tout haut. Le prénom à l'américaine et le nom à la normande.

Dans mon esprit, grâce à l'excellent film de Tavernier "Dans La Brume Electrique", Dave Robicheaux = Tommy Lee Jones.

Il y aussi un autre personnage avec un nom incroyable: Gros Mama Goula, qui se prononce comme c'est écrit sauf pour Gros, on dit grosse. Donc Grosse Mama Goula. Dis par mon pote là haut, ça vaut le détour. J'aime aussi sa façon de dire "little guy", c'est comme ça que Dave appelle sa fille adoptive.

Au sujet de "Gros Mama Goula", en me baladant sur internet, je suis tombée sur cet article (très long!)  qui décortique les croyances populaires présentes dans les romans de James Lee Burke, y compris dans "A Morning For Flamingos".

Il semblerait à la lumière de cet article, très bien documenté, que JLB ait mélangé les croyances relatives aux "traiteurs", des rebouteux cajuns, avec la pratique du Vaudou, pour donner naissance au personnage de Gros Mama Goula. Le point principal est que dans la croyance populaire cajun, le traiteur est fondamentalement bon et ne jette pas de sort ni ne cherche à nuire, comme ce peut être le cas dans la religion Vaudou. Cela crée un personnage plus haut en couleur, plus exotique pour des personnes comme moi, n'ayant aucune autre référence culturelle de cette région que celle de Burke. Pour les cajuns de la Nouvelle Orléans ou de New Iberia par contre, Gros Mama Goula est hautement improbable.

Refermons cette parenthèse pour conclure que c'était bien cool, un peu lent et que je lui mets trois étoiles - en grosse partie parce que Dave Robicheaux.

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